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muenchen-philharmonieConsternation dans le monde musical à Munich : la capitale de la Bavière, qui possède pas moins de trois grands orchestres internationaux – l'Opéra, la Radio Bavaroise et le Philharmonique, dirigés respectivement par , et – manque cruellement de salles de concert depuis des années. La Philharmonie, où le troisième est seul en résidence, est connue pour sa malheureuse acoustique, pas vraiment à la hauteur de sa grande rivale berlinoise, qu'elle prétendait copier ; l'orchestre de la Radio Bavaroise, lui, doit jongler entre les soirées laissées libres par le Philharmonique et le planning d'une autre salle, la Herkulessaal, beaucoup plus petite et malaisée, et très sollicitée par les producteurs privées.

Après des années de débat, un lieu semblait avoir été trouvé : à deux pas de la Résidence où se trouve entre autres la Herkulessaal, au détriment de quelques mètres carrés de jardin, et un large consensus des différents acteurs, parmi lesquels est particulièrement actif, semblait avoir été atteint. Las, comme nous l'avions mentionné il y a quelques jours, le projet est profondément remis en cause aujourd'hui : le ministre-président de Bavière Horst Seehofer (conservateur) et le maire de Munich Dieter Reiter (social-démocrate) se sont mis d'accord pour une autre solution : la démolition et la reconstruction complète de la Philharmonie, qui pourrait prendre – avant retards inévitables – jusqu'à quatre ans. Quatre années durant lesquelles les quelque 40 000 abonnés des orchestres et des producteurs privés seraient priées d'aller voir ailleurs, puisque les presque 2 400 places de la Philharmonie sont sans équivalent à Munich – il ne serait sans doute pas difficile de trouver une aussi mauvaise acoustique dans un hangar quelconque, mais difficilement autant de places. On a beaucoup raillé la démesure parisienne où on construit deux nouvelles salles de concert en même temps, mais des générations de mélomanes remercieront les contribuables du début du XXIe siècle qui leur auront épargné les inepties subies par le public de Munich.

Osons une prédiction à moitié optimiste : le projet alternatif, auquel ni les producteurs de concerts, ni l'Orchestre de la Radio Bavaroise n'ont été associés, n'a pour ainsi dire aucune chance d'aboutir, comme tant de décisions absurdes tirées du chapeau des hommes politiques, parce que ses implications sont tout bonnement ingérables. On pourra continuer à aller au concert comme avant, c'est-à-dire dans d'aussi mauvaises conditions qu'aujourd'hui (les accès de la Herkulessaal, par exemple, sont si étroits qu'on peine à voir comment un incendie ou une quelconque panique pourrait ne pas provoquer une catastrophe). Le but recherché par Horst Seehofer n'en aura pas moins été atteint : ne surtout rien faire qui puisse faire avancer un objectif qu'il s'était pourtant fixé pour son mandat actuel. Après tout, le problème des salles de concerts à Munich date déjà de l'immédiat après-guerre : on ne saurait trop prendre son temps pour mettre fin à 70 ans de gabegie.

Crédits photographiques : Gasteig München GmbH/Matthias Schönhofer

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