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Myung-Whun Chung et le Philhar : la tête dans les étoiles…

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Paris. Maison de la Radio et de la Musique. Auditorium de Radio – France. 17-III-2023. Olivier Messiaen (1908-1992) : l’Ascension, quatre méditations symphoniques pour orchestre (1934) ; Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n° 7 en mi majeur (1884). Orchestre Philharmonique de Radio-France, direction : Myung-Whun Chung

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Après une superbe Symphonie n° 9 de Gustav Mahler donnée tout récemment avec ce même orchestre, poursuit sa quête introspective, le regard tourné vers la Lumière, la tête dans les étoiles, avec ce beau programme, très intériorisé, appariant l'Ascension d' et la Symphonie n° 7 d'.

Mahler et Messiaen, deux compositeurs fétiches du chef coréen : si le premier par son extraordinaire maitrise des capacités orchestrales décida probablement de la carrière de chef d'orchestre de Chung, le second que le chef pratique également depuis des années, lui confère toujours malgré le temps, un souffle intérieur apaisé et une sérénité unique lorsqu'il le dirige…

Maitrise orchestrale et sérénité, voilà bien les deux maitre-mots de ce magnifique concert conçu comme un émouvant hommage à Dieu dans deux expressions bien différentes de la foi, sans doute plus hiératique, plus dépouillée, prosélyte, ne laissant aucune place au doute chez Messiaen, plus explosive, plus humaine et véhémente, parfois douloureuse, mais d'une inaltérable sincérité chez Bruckner.

Quatre tableaux symphoniques aux couleurs dissemblables, réunies dans un quadriptyque porté par une progression harmonique ascendante et un instrumentarium spécifique à chaque section, telle se présente l'Ascension d' qui ouvre la soirée. Après une première méditation « Majesté du Christ demandant sa gloire à son Père » qui fait la part belle aux cuivres dans un climat d'une solennité teintée de mélancolie à la verticalité dynamique et envoutante avec de nombreuses couleurs apportées par la clarinette de Jérôme Voisin , la deuxième méditation « Alleluias sereins d'une âme qui désire le Ciel » est introduite par une beau solo de cor anglais (Stéphane Suchanek) soutenu par les accents orientalisants de la petite harmonie (flute de Magali Mosnier et hautbois d'Olivier Doise) sur une dynamique plus enlevée recrutant progressivement le quasi tutti dans un crescendo parfaitement amené. La troisième méditation « Alleluia sur la trompette » est annoncé par le thème chantant de la trompette d'Alexandre Baty appuyé par les cordes graves et les traits fulgurants des violons, cors et petite harmonie, scandé par les cuivres et les timbales dont on admire la dynamique ainsi que la précision dans la mise en place des différents plans sonores. « La Prière du Christ montant vers son Père », est la méditation la plus lyrique et la plus majestueuse, profonde d'intonation et méditative, conduite par les cordes seules d'une beauté sonore exceptionnelle (pupitre d'altos) sous-tendue par une tension continue, sereine et dépouillée, toute entière dévolue à l'Amour divin affirmé de façon péremptoire dans un puissant crescendo ! Magnifique.

Issue ce cette même lumière intérieure que d'aucuns nomment la foi, mais parée d'atours moins austères, la Symphonie n°7 d', contemporaine du Te Deum et de la mort de Richard Wagner, est empoignée à bras le corps par dès les premières notes de l'Allegro initial par de superbes violoncelles, sur un tempo assez rapide, porté par une belle ampleur sonore et de nombreuses nuances rythmiques et dynamiques dans un flux musical continu, merveilleusement chantant (cors) jusqu'à un crescendo très cuivré (à la limite de la saturation) suivi ensuite d'un passage plus statique tendu et lyrique (petite harmonie et cordes graves). On est encore une fois impressionné par la profondeur du discours, par sa clarté, comme par sa richesse en couleurs oscillant de la véhémence la plus fougueuse à la confidence recueillie d'où émergent par instants de singulières réminiscences wagnériennes. L'Adagio, tout habité de la déploration faisant suite à la mort de l'idole, débute par les sonorités graves des cordes et des tubas wagnériens conduit par Antoine Dreyfuss. On apprécie la beauté des pupitres de cordes, la transparence de la texture orchestrale, en même temps que l'attention portée aux détails de l'orchestration (contrebasses, cordes, tubas wagnériens, cors) réunis dans une longue prière, exempte de tout pathos dont la seule théâtralité se réduit au fameux coup de cymbales au climax du mouvement. Le Scherzo convainc par sa dynamique éclatante, inexorable et envoutante (trompette et cordes) qui fait contraste avec un Trio d'un lyrisme serein, avant que le Finale ne conclut cette remarquable lecture dans la ferveur quelque peu excessive d'un choral étincelant.

Crédit photographique : © Jean-François Leclercq

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Paris. Maison de la Radio et de la Musique. Auditorium de Radio – France. 17-III-2023. Olivier Messiaen (1908-1992) : l’Ascension, quatre méditations symphoniques pour orchestre (1934) ; Anton Bruckner (1824-1896) : Symphonie n° 7 en mi majeur (1884). Orchestre Philharmonique de Radio-France, direction : Myung-Whun Chung

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