Mettre en scène la musique avec Les Apaches dans Street Art

Le 17 mai 2023 par Michèle Tosi

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Paris. Théâtre de l’Athénée. 12-V-2023. Nicolas Canot (né en 1983) et Lauriane Maudry : Prélude/Variation I pour clarinette basse et électronique d’après Steve Reich, New York Conterpoint ; Régis Campo (né en 1968) : Street Art ; Nicolas Canot et Pierre Pradier : Interlude/Variation II, pour guitare électrique et électronique d’après Steve Reich, Electric Counterpoint ; Steve Reich : Radio rewrite pour ensemble ; Nicolas Canot et Eva Zavaro : Interlude/Variation III, pour violon et électronique d’après Steve Reich Violin Phase ; Pascal Zavaro (né en 1959) : Silicon Music ; Nicolas Canot et Nadia Bendjaballah, Calum Saunière, pour deux groupes d’applaudissements d’après Steve Reich, Clapping Music ; Fabien Cali (né en 1983), Niviana’s Devil Drop, pour ensemble et freerunners. Ensemble Les Apaches ! Eva Zavaro, violon ; Pierre Pradier, guitare électrique ; Lauriane Maudry, clarinette ; Nadia Bendjaballah et Calum Saunière, percussions ; Mise en scène, Gordon ; chorégraphie Sarah Silverblatt Buser ; création lumière Arthur Cemin ; vidéo, Cynwal Hoper ; création graphique (banc), Cheuminer. Simon Nogueira, free-runner ; danseur et acrobate, Andrea Catozzi ; French Free Run Family ; direction : Julien Masmondet

France

Île-de-France
- Paris
  - Théâtre de l'Athénée-Louis-Jouvet

Rassembler des artistes d'horizons différents, inventer avec eux de nouvelles formes de concert, partir à la conquête de nouveaux publics… C'est l'engagement qui anime le chef Julien Masmondet, fondateur du groupe Les Apaches!, une troupe de musiciens aguerris qu'il dirige dans ce nouveau spectacle mêlant les interprètes aux acrobates, les espaces du concert à ceux de la vidéo voyageuse.

L'idée est d'élaborer un spectacle en flux continu, convoquant un metteur en scène (Gordon), une scénographie à laquelle contribuent aussi les lumières (une installation de néons de différentes couleurs) et les images de la vidéo. Des intermèdes/variations assurent les transitions (changements de plateaux inévitables) entre l'exécution des quatre pièces au programme, celles de Régis Campo (Street art), Steve Reich (Radio rewrite), Pascal Zavaro (Silicon Music) et Fabien Cali (Niviana's Devil Drop). Les « variations » ont été confiées à une cinquième tête, Nicolas Canot, compositeur et artiste sonore, abordant la tâche dans une approche plus théâtrale et scénographique que musicale. Chacune des variations prend appui sur une pièce de Steve Reich associée à un.e instrumentiste et l'électronique qui en modifie ou floute les contours : New York Counterpoint avec la clarinette basse de Lauriane Maudry, Electric Conterpoint avec la guitare électrique de Pierre Pradier, Violin Phase avec le violon de Eva Zavaro et Clapping music avec Nadia Bendjaballah et Calum Saunière ; les séquences sont souvent très courtes, instaurant un espace de jeu singulier tels ces deux micros suspendus qui oscillent au-dessus du violon pour en capter les sonorités et produire des interférences : beaucoup de sophistication pour un résultat souvent peu convaincant. On est davantage réjoui par le jeu fluide des corps (Simon Nogueira et Andrea Catozzi) tirant parti des éléments de la scénographie, le banc de Cheuminer installé au niveau du public, le cadran d'une horloge projeté sur l'écran et autres supports prétextes à enjamber, rebondir ou tournoyer avec une aisance d'acrobates.

Julien Masmondet arrive sur scène avec sa capuche qu'il enlève pour diriger son ensemble. De 2012, Radio rewrite pour onze musiciens de Steve Reich (donnée en création française) est écrite en hommage à Radiohead. Le minimaliste américain a abandonné sa technique de déphasage au profit d'une superposition de strates rythmiques amorçant une nouvelle étape dans son écriture. Si Niviana's Devil Drop de Fabien Cali, donnée en création mondiale, ne retient guère notre attention, Silicon Music de Pascal Zavaro, mettant en vedette la violoniste Eva Zavaro, s'étire en plusieurs mouvements dont une partie lente sur fond de ciel crépusculaire d'un profond ennui.

On préfèrera le rythme envoûtant et les couleurs dansantes de Street Art de Régis Campo accompagnée, sur l'écran, de la course folle du free-runner Simon Nogueira dont les sauts risqués sur les toits de Paris, avant qu'il n'apparaisse au balcon du théâtre, ajoutent d'autres frissons à cette musique sur-vitaminée.