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Martha Argerich aux Variations Musicales de Tannay

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Tannay. Château. 26-VIII-2023.Johann Sebastian Bach (1685-1750) : Sonate pour violon et piano en ut mineur BWV 1017. Sergueï Prokofiev (1891-1953) : Sonate pour violon et piano no. 2 en ré majeur op. 94a. Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Sonate pour violon et piano no. 9 op. 47 «Kreutzer». Martha Argeric, piano ; Tedi Papavrami, violon

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Coup de maître réussi par les organisateurs du festival des Variations Musicales de Tannay avec la venue de la pianiste .

Le public ne s'y est pas trompé en venant plus nombreux qu'à l'accoutumée dans le parc magnifique du château de Tannay pour assister à ce qui passe pour l'évènement du festival. La salle est pleine à craquer. Des sièges ont été mis à la hâte sur une partie de la scène pour permettre à quelques retardataires d'importance de trouver place.

Passé la première émotion de voir l'iconique pianiste s'asseoir à son piano et sans autre préambule qu'une note pour donner le ton (sinon le temps) au violoniste pour s'accorder, après un rapide regard à son compagnon de scène, se lancer à faire courir ses doigts sur le clavier avec une invraisemblable agilité. On se dit qu'elle doit être pressée. En effet. Pourquoi attendre ? Et qu'attendre ? Alors lorsqu'elle aborde la Sonate pour violon et piano n° 4 en ut mineur BWV 1017 de , on cherche ses marques. Comme le violon de semble ne pas être totalement en phase avec le piano de Madame Argerich, on pense que seul le violoniste est responsable de ce «désaccord». Puis quand arrive l'Allegro pris sur un tempo d'enfer (existe-t-il un allegrissimo chez Bach ?), le violon n'arrive plus à suivre. Sur le clavier, les doigts courent comme glisserait un patineur sur un lac gelé. On contemple cette vélocité, ces doigts, qui frappent, qui sautent, qui passent d'un bout à l'autre du clavier. C'est si fascinant qu'on en oublie la musique. D'ailleurs, que dit-elle cette musique ? Jouée ainsi, pas grand'chose. Alors, on cherche à se reconcentrer mais l'esprit n'y est plus. La dernière note vient à peine de retentir que la pianiste est déjà debout, salue le public qui exulte, avant de se retirer quelques minutes en coulisses.

Assez rapidement, revoilà les deux compères en place pour la Sonate pour violon et piano n° 2 en ré majeur op. 94a de Prokofiev. , bien campé sur ses jambes semble plus à l'aise, et son violon développe sa mélodie alors que les accents du piano sont frappés assez durement. Peut-être est-ce une option interprétative car le souvenir de cette même sonate avec le violoniste Gidon Kremer en 1999 voyait le piano de beaucoup plus accompagnateur que lors du concert de ce soir.

En seconde partie, peut-être parce que les sonorités de la Sonate pour violon et piano n° 9 op. 47 «Kreutzer» de Beethoven sont plus familières à l'oreille de votre serviteur, l'attente est grande d'assister à un moment de complicité entre les deux musiciens difficilement perceptible jusqu'ici. On se retrouve pourtant dans cette même impression qu'un patron – ici une patronne – règne sur l'ensemble et que l'autre musicien subit tant bien que mal cette emprise musicale. Alors chacun y va de sa partie et c'est tant mieux si on peut donner l'impression d'unité. Fort heureusement, le mouvement central Andante con variazioni offre quelques très beaux moments où Martha Argerich soigne particulièrement son phrasé pianistique donnant à l'interprétation chaleur et profondeur. Le Rondo final revoit la pianiste dominatrice choisissant un tempo à nouveau très rapide pour que le violon puisse exprimer sinon un phrasé au moins un son qui ne soit pas précipité.

On calmera le jeu dans un charmant bis avec le Liebeslied de Fritz Kreizler qui donne la possibilité à de montrer son art du violon.

Un succès public incontestable quoique à notre humble avis plus dédié à l'icône Martha Argerich qu'à l'interprétation des œuvres.

Crédit photographique : Variations Musicales de Tannay © Fabrice Nassisi

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