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Festival d’automne : Pierre-Yves Macé aux Abbesses

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Paris. Théâtre de la Ville – Les Abbesses. 24-X-2023, 20h. « Palimpseste ». Pierre-Yves Macé (né en 1980) : Virgules radiophoniques cahiers I et II (2013-2023), Maintenant, de toutes nos forces essayons de ne rien comprendre (2017-2023), Kind des Faust (2016-2023). Ensemble Multilatérale, Les Métaboles (Anne-Claire Baconnais, soprano ; Guilhem Terrail, contre-ténor ; Steve Zheng, ténor ; Laurent Bourdeaux, basse) ; Léo Warynski, direction

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Nouvelle manifestation consacrée à dans le cadre du Festival d'automne à Paris, « Palimpseste » présente trois œuvres : Virgules radiophoniques (cahiers I et II) ; Maintenant, de toutes nos forces, essayons de ne rien comprendre et Kind des Faust. Trois « réécritures de pièces anciennes, à la façon de palimpsestes », selon les mots du compositeur. Un concert éclair qui enchaîne les quatre morceaux.

Les cahiers I et II des Virgules radiophoniques (2013-2023) sont donnés séparément ce soir, le second étant joué entre les deux pièces vocales. L'auditoire ne peut absolument pas se tromper : ici et maintenant prime l'instant, ce que dit déjà le titre, mais que précise encore le musicien dans le beau programme du concert, justifiant ainsi la projection sur le mur de scène d'un décompte analogique. Pédagogie, pédagogie ! Laquelle est renforcée par l'article « Palimpsestes » de Laurent Feneyrou, à la fois historique et définitionnel. C'est en 2013 que Macé composa ces quelque trente instantanés musicaux pour « Boudoirs et autres » de sur France Musique. Le travail de réécriture dix ans après nous intéresse dans la mesure où il s'est agi de relier entre-elles toutes ces perles diffusées séparément à l'origine, et, partant, de faire une sélection. Disons tout de suite que ces morceaux, conçus comme des bulles crevant à la surface de la durée de l'émission radiophonique, continuent ce soir d'apporter de la fraîcheur dans une programmation par ailleurs assez plombée par les deux œuvres chantées. Particulièrement éloquents, les titres – « Indestructible », « Da capo », « Stance », « Décantation limousine », « Ville et Campagne », « Weißliche Staub », « Havre gourd », « Ouvre ta bouche », « Mon gosier de métal parle toutes les langues » ou encore « The most interesting sound you've never heard » – reflètent la variété de ces miniatures de caractère, à la fois étonnantes, cohérentes, joueuses et drolatiques. Chacune exploite une idée, se servant de matériaux divers et mêlant les instruments à l'électronique. À noter, l'excellence de l'acoustique de la salle du théâtre des Abbesses, qui met merveilleusement en valeur les huit musiciens présents de l', souvent solistes ou couplés soit à un autre instrumentiste, soit à l'électronique – Maxime Désert à l'alto, Lise Baudouin au célesta, au clavecin et à l'électronique, Simon Drappier à la contrebasse, Aurélie Saraf à la harpe, Antoine Maisonhaute au violon… Des documents sonores sont incorporés, faisant entendre les voix de John Cage, Morton Feldman et Chantal Akerman. Donc, un beau travail sur le timbre, la brièveté et les climats psychologiques.

et deux chanteurs des Métaboles entrent en scène dans l'obscurité. Maintenant, de toutes nos forces essayons de ne rien comprendre (2017-2023) est une cantate de chambre opposant deux personnages caricaturaux dans un dialogue qui s'avère être un double monologue : l'éternel poseur de questions idéaliste et poétereau (le contre-ténor ) et un matérialiste béat et assez infatué (le ténor ). Le livret de Pierre Senges, qui multiplie les citations, en français, anglais, allemand…, ne convainc pas, tout comme les vocalises « debussystes » de ce que Macé a pensé comme « un geste quasi-opératique ». La musique dramatise tout cela, mais nous laisse à la lisière de cet « Allemonde philosophique ».

dirige également Kind des Faust (2016-2023), opéra de chambre d'après un livret de Sylvain Creuzevault traduit en allemand par Élisabeth Faure. On peut s'étonner du choix de ce sujet d'un autre siècle, qui s'inspire de Goethe et donne suite à l'infanticide que commet Marguerite, la compagne de Faust. Trois éléments sauvent à nos yeux cette œuvre finalement très convenue : premièrement, la langue allemande, dont la musicalité, deuxièmement, est magnifiquement rendue et par la musique et par la très expressive soprane , qui joue à fond son rôle d'enfant revenu du royaume des morts et souhaitant se venger ; troisièmement, le dédoublement de Méphisto par les interprètes (contre-ténor) et Laurent Bourdeaux (basse), chantant toujours en homorythmie, une riche idée musicale et symbolique (la langue bifide du Diable). Sans surprise, l'expressionnisme de la pièce débouche un moment sur un « Willkommen im Kabarett ! » À la fin, Méphisto se demande si Dieu dort ou est mort. Mais n'est-ce pas le faire vivre que de continuer d'en parler ?

Le public applaudit chaleureusement les musiciens et plus particulièrement .

Crédit photographique : © Christophe Berlet

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Paris. Théâtre de la Ville – Les Abbesses. 24-X-2023, 20h. « Palimpseste ». Pierre-Yves Macé (né en 1980) : Virgules radiophoniques cahiers I et II (2013-2023), Maintenant, de toutes nos forces essayons de ne rien comprendre (2017-2023), Kind des Faust (2016-2023). Ensemble Multilatérale, Les Métaboles (Anne-Claire Baconnais, soprano ; Guilhem Terrail, contre-ténor ; Steve Zheng, ténor ; Laurent Bourdeaux, basse) ; Léo Warynski, direction

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