Création mondiale à Helsinki sur l’orgue offert par Kaija Saariaho

Le 9 février 2024 par Derek Ho

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Helsinki. Helsinki Music Centre. 2-II-2024. Tomi Räisänen (né en1976) : Pulmo ; Franz Schubert (1797-1828) : Symphonie N°5, D 485. Angela Metzger, orgue. Helsinki Philharmonic Orchestra, direction : Christian Schumann

Finlande

Helsinki

Au Centre musical d'Helsinki, l'organiste Angela Metzger créé le Concerto pour orgue du compositeur finlandais Tomi Räisänen, sur l'orgue offert généreusement par Kaija Saariaho.

Un espace pour un orgue de concert avait été prévu à l'origine dans le Centre de musique d'Helsinki (Musiikkitalo), principale salle de concert de la ville. Cependant, pour des raisons budgétaires, aucun orgue n'a été construit et la salle a ouvert ses portes en 2011 sans orgue. Les choses ont changé il y a quelques années lorsque la compositrice finlandaise Kaija Saariaho a fait don d'un million d'euros pour la construction d'un orgue ; la ville d'Helsinki, le ministère finlandais de l'Éducation et de la Culture et la Société finlandaise de radiodiffusion ont emboîté le pas avec leurs propres contributions. Le concert inaugural du nouvel orgue a eu lieu le 1er janvier 2024 avec Olivier Latry. Malheureusement, Kaija Saariaho, décédée en juin 2023, n'a pas vécu assez longtemps pour entendre l'orgue lors de sa première représentation publique.

Pour célébrer ce projet majeur dans la vie musicale et culturelle finlandaise, un concours international de composition pour orgue du nom de Kaija Saariaho a eu lieu pendant la construction de l'orgue. Le compositeur finlandais Tomi Räisänen (47 ans), l'un des lauréats de ce concours, est à l'honneur ce soir avec son œuvre Pulmo, un concerto pour orgue et orchestre symphonique. Bien que Pulmo comporte des moments brillants et soit écrit de manière éloquente pour la combinaison orgue et orchestre, il s'agit d'une œuvre exigeante qui nécessite une écoute concentrée. Le mouvement d'ouverture évoque des images d'atmosphère de carnaval, brutal et grotesque. Le deuxième mouvement présente des textures plus légères et des gestes fugaces. Des accords massifs et dissonants pour orgue et orchestre marquent le troisième mouvement. La cadence hautement chromatique de l'orgue solo est impressionnante par sa capacité à maintenir sa longueur compte tenu d'un matériel minimal. Le mouvement final fait quant à lui allusion à un matériau plus consonant et se termine par un éclat glorieux. L'engagement de l'organiste Angela Metzger et sa formidable maîtrise de la difficile partie solo sont les points forts de cette interprétation, et son rappel presque uniquement à la pédale est une démonstration de technique à couper le souffle. Étant donné le répertoire plutôt limité pour orgue et orchestre complet, il n'est pas surprenant que seule une poignée d'organistes effectuent des tournées internationales en tant que solistes avec orchestre. Angela Metzger mérite assurément de rejoindre ce groupe restreint d'organistes.

Le programme de ce soir comprenait également la Symphonie n°5 de Schubert en première partie. Même si l'univers sonore classique tardif de Schubert forme un couple quelque peu étrange avec Räisänen, on apprécie la beauté simple de la symphonie qui se déploie. Le chef Christian Schumann mène un récit chantant et fluide de cette œuvre, avec des gestes économes et minimalistes qui laissent la musique parler d'elle-même.