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Oedipus Rex de Stravinsky par Santtu-Matias Rouvali à Munich

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Munich. Isarphilharmonie. Jean Sibelius (1865-1957) : Symphonie n° 7 ; Igor Stravinsky (1882-1971) : Oedipus Rex, opéra-oratorio sur un livret de Jean Cocteau. Avec Paul Appleby (Œdipe), Ekaterina Semenchuk (Jocaste), Derek Welton (Créon, Messager), Shenyang (Tirésias), Gyula Rab (Berger), Waltraud Meier (récitante). Choeur philharmonique de Munich ; Orchestre philharmonique de Munich ; direction : Santtu-Matias Rouvali.

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Œuvre trop rare au concert, le monumental drame antique est placé en un efficace contraste face à la Septième symphonie de Sibelius.


On ne peut pas dire que la musique de Stravinsky se fait rare à l'affiche des salles de concert. Mais cette présence permanente est presque entièrement due à un petit nombre d'œuvres répétées jusqu'à satiété et au-delà, au détriment de la richesse et de la diversité d'une production qui s'étend sur sept décennies et accueille en son sein les influences les plus diverses, les plus opposées parfois. On peut certainement comprendre une certaine réticence à l'égard de la partie centrale de son œuvre, cette période néoclassique qui n'est pas à la hauteur des grandes partitions qui l'ont fait connaître avant et pendant la Première Guerre mondiale. Mais, comme le montre ici Oedipus Rex, les meilleures œuvres de cette période moins inspirées valent toujours cent fois mieux que bien des œuvres de ses collègues toujours au répertoire aujourd'hui.

Le chœur (masculin) est crucial ici : Les quelque soixante choristes du chœur non professionnel associé à l' ne sont pas de trop pour faire masse comme le demande la partition. L'archaïsme monumental du drame est moins bien servi par , qui prive Œdipe d'une bonne partie de son héroïsme ; visiblement peu sûr au début de son rôle, il gagne en assurance au fil de l'œuvre, mais sans prendre toute la dimension de son personnage. Les autres rôles sont heureusement mieux tenus, la Jocaste luxueuse d' comme les deux basses éloquentes de (Tirésias) et (Créon). Mais c'est un autre nom qui attire l'attention, celui de , désormais retraitée du chant et désormais récitante, avec tout ce qu'il faut d'éloquence et de distance. Rouvali donne à l'ensemble des couleurs beaucoup plus chaudes et saturées que le marbre blanc antique auquel on pourrait s'attendre : cette perspective atténue la distance que Stravinsky place entre son sujet et les auditeurs, ce qui n'est pas sans intérêt.

Pour ouvrir le concert, avait choisi une œuvre à bien des égards contraire à Oedipus Rex, bien que créée seulement trois ans plus tôt – le programme ne manque pas de citer la phrase de Sibelius, commentant une remarque de Stravinsky lui faisant grief de son peu de compétence technique : c'est, dit-il, le plus beau compliment qu'il ait reçu de sa vie. Là où Stravinsky s'emploie à mettre une distance émotionnelle entre le récit et la musique, Sibelius produit des émotions plus immédiates, et Rouvali ne craint pas de donner toute leur ampleur aux paysages que dépeint une musique qui, ici, prend l'apparence d'un poème symphonique dont on pourrait presque écrire le programme. L'orchestre, qui nous avait inspiré quelques craintes en début de saison, se montre ici sous son meilleur jour, avec des vents capables de couleurs précises et changeantes, et des cordes capables d'effets de masse comme de transparence.

Crédits : Photo de répétition © Co Merz

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Munich. Isarphilharmonie. Jean Sibelius (1865-1957) : Symphonie n° 7 ; Igor Stravinsky (1882-1971) : Oedipus Rex, opéra-oratorio sur un livret de Jean Cocteau. Avec Paul Appleby (Œdipe), Ekaterina Semenchuk (Jocaste), Derek Welton (Créon, Messager), Shenyang (Tirésias), Gyula Rab (Berger), Waltraud Meier (récitante). Choeur philharmonique de Munich ; Orchestre philharmonique de Munich ; direction : Santtu-Matias Rouvali.

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