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Idomeneo, re di Creta, fascinante Mireille Delunsch

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Paris. Palais Garnier. 05-III-2009. Wolfang Amadeus Mozart (1756-1791) : Idomeneo, opéra en trois actes sur un livret de Giambattista Varesco. Mise en scène : Luc Bondy ; costumes : Rudy Sabounghi ; décors : Erich Wonder ; lumières : Dominique Bruguière. Avec : Paul Groves, Idomeneo ; Joyce DiDonato, Idamante ; Camilla Tilling, Ilia ; Mireille Delunsch, Elettra ; Johan Weigel, Arbace ; Xavier Mas, Il gran Sacerdote ; Ilya Bannik, La Voce ; Yun-Jung Choi et Anna Wall, Due Cretesi ; Jason Bridges et Bartolomiej Misiuda, Due Troiani. Chœurs de l’Opéra national de Paris (chef de chœur : Winfried Maczewski), Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction : Thomas Hengelbrock.

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Alors que l'opéra de Mozart et Varesco modifie la fin tragique du livret de Danchet pour l'Idoménée de Campra (1712) – fin elle-même issue de la tragédie de Crébillon père (1705) – et sauve la vie d'Idamante grâce à un oracle de Neptune, le spectacle proposé par pour l'Idomeneo mozartien exploite la gravité du livret et occulte le lieto fine : le nouveau couple royal à peine installé sur le trône sera abandonné du peuple effrayé par une nouvelle tempête.

Les couleurs des décors, costumes et lumières sont froides et sombres. On a pu reprocher à cette mise en scène un certain statisme. On retient pourtant de bonnes idées comme la fuite d'Elettra après son air «Tutte nel cor vi sento» emmenée par des femmes du chœur telles les furies ou l'exécution de son «D'Oreste, d'Aiace» comme un arrêt sur image : tous les chanteurs se retournent et se figent pendant l'air, illustant ce qu'est l'aria dans l'opera seria, une pause dans l'action au profit de l'expression des sentiments de l'un des personnages.

Dès les premières mesures, l'Orchestre de l'Opéra de Paris promet une soirée d'exception. Sous la battue inspirée de , l'orchestre fait des miracles, offre un son rond et chaud. Le chef convainc pleinement avec une direction souple qui refuse la galanterie au profit du dramatisme. Attentif aux chanteurs, il assure une parfaite cohésion de la fosse et du plateau. déçoit dans les habits du roi de Crête, dans une production où ont brillé tour à tour Ramon Vargas ou . Si le volume est là, la voix n'est pas toujours bien menée et les vocalises sont absentes d'un «Fuor del mar» plusieurs fois aux prises avec la justesse. Johan Weigel est également peu à l'aise en Arbace. On finit par ne plus se plaindre des coupes opérées dans ces deux rôles. et les Troyens contribuent à relever le niveau des hommes de la distribution. Il y a par contre peu à redire sur le plateau féminin. Le rôle d'Idamante n'a plus de secrets pour qui réédite ses superbes incarnations de Paris et de Madrid, celles d'un jeune homme crédible et touchant, d'une grande voix bien menée et riche de nuances et de couleurs. est une jolie princesse à l'émission claire mais au jeu un rien conventionnel. Alors qu'elle n'avait pas totalement convaincu dans le rôle d'Elettra à Paris en 2006 ni à Strasbourg en 2007, n'en finit plus de nous surprendre. Annoncée souffrante, elle offre l'une de ses plus belles soirées. L'air «Idol mio» est parfait, l'aigu lumineux, le grave bien assis pour une interprétation convaincante, toute de tendresse retenue. Son Elettra est fascinante, méchante de l'histoire terriblement touchante dans son amour malheureux pour Idamante. Et quelle élégance en princesse grecque, et quel port ! La fin de l'acte II atteint les mêmes sommets : «Placido è il mar» caressant d'un chœur ailleurs bien plus routinier, «Soave Zeffiri» que cisèle d'une émission raffinée, trio des adieux d'une Ilia, une Elettra et un Idomeneo parfaitement à l'unisson et émouvants.

Crédit photographique : (Elettra) © Fred Toulet / Opéra National de Paris

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Paris. Palais Garnier. 05-III-2009. Wolfang Amadeus Mozart (1756-1791) : Idomeneo, opéra en trois actes sur un livret de Giambattista Varesco. Mise en scène : Luc Bondy ; costumes : Rudy Sabounghi ; décors : Erich Wonder ; lumières : Dominique Bruguière. Avec : Paul Groves, Idomeneo ; Joyce DiDonato, Idamante ; Camilla Tilling, Ilia ; Mireille Delunsch, Elettra ; Johan Weigel, Arbace ; Xavier Mas, Il gran Sacerdote ; Ilya Bannik, La Voce ; Yun-Jung Choi et Anna Wall, Due Cretesi ; Jason Bridges et Bartolomiej Misiuda, Due Troiani. Chœurs de l’Opéra national de Paris (chef de chœur : Winfried Maczewski), Orchestre de l’Opéra national de Paris, direction : Thomas Hengelbrock.

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