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Les Noces de Figaro au Capitole, le comique à l’honneur

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Toulouse. Théâtre du Capitole. 22-I-2023. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Les Noces de Figaro, opera buffa en quatre actes sur un livret de Lorenzo da Ponte. Mise en scène et scénographie : Marco Arturo Marelli. Costumes : Dagmar Niefind. Lumières : Friedrich Eggert. Avec : Michael Nagy, Le comte Almaviva ; Karine Deshayes, La comtesse Almaviva ; Julien Véronèse, Figaro ; Anaïs Constans, Susanna ; Eléonore Pancrazi, Cherubino ; Ingrid Perruche, Marcellina ; Frédéric Caton, Bartolo ; Emiliano Gonzalez Toro, Don Basilio ; Caroline Jestaedt, Barbarina ; Matteo Peirone, Antonio ; Pierre-Emmanuel Roubet, Don Curzio ; Zena Baker, Une dame ; Youngshin Kim, Une dame. Chœur de l’Opéra national du Capitole (chef de chœur : Gabriel Bourgoin). Robert Gonnella, continuo. Orchestre national du Capitole, direction : Hervé Niquet

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Les rires de la salle le confirment : les codes du vaudeville sont largement employés pour que ces Noces de Figaro à Toulouse suscitent une adhésion immédiate.

La mise en scène de créée à l'Opéra de Lausanne en 2007 et jouée pour la première fois au Théâtre du Capitole l'année d'après, se fonde sur des éléments visuels élégants. D'immenses panneaux mobiles avec une reproduction de La chute des géants assiégeant l'Olympe de Francisco Bayeu y Subias découpent les espaces sur le plateau, les costumes esthétiques de Dagmar Niefind mêlent l'inspiration de la mode italienne de l'époque avec celle plus austère des convenances espagnoles, et enfin les lumières de Friedrich Eggert soutiennent l'unité de temps de l'intrigue avec justesse.

Le jeu de portes implanté quasiment au centre du plateau, permet un mouvement et un rythme frénétique des différents personnages qui traversent la scène, les espaces et les temps d'échange avec un dynamisme survolté. La direction d'acteurs s'inscrit de fait dans ces codes du comique, mêlant mimiques et quelques exagérations débordantes, faisant perdre souvent la profondeur et l'ambiguïté de l'œuvre initiale de da Ponte et Mozart. Cette approche au premier degré peut donner l'impression de passer simplement « un bon moment », alors que l'on est en face d'un chef-d'œuvre de l'art lyrique.

Dans cette reprise, l'intérêt est surtout la prise de rôle en Comtesse Almaviva. Sur ce point, aucune déception n'est permise au regard de l'excellence de l'interprétation de la soprano. L'empreinte vocale et théâtrale noble de l'artiste n'empêche pas de dépeindre les sentiments d'une femme bafouée et mélancolique. La luminosité du timbre, la sensualité de la ligne, fusionnent avec une profondeur d'émotion, matérialisant ainsi un pur moment mozartien lors de son « Porgi amor » désabusé.

, en Suzanna, fait également sa prise de rôle dans cette production. La générosité de la soprano se manifeste par un engagement vocal sans faille, soutenu par la clarté de son timbre et une fraicheur charmante qui ne parviennent à éluder certaines faiblesses techniques déjà perçues dans la précédente production mozartienne de ce même théâtre. La souplesse des lignes reste encore à faire évoluer, tout comme le soin pour le legato intrinsèquement lié au rôle.

Le comte Almaviva de souffre bien plus du parti-pris du metteur en scène, malgré les attraits de son physique avantageux, et l'autorité par son baryton incisif. La scène du tribunal le ridiculise plus qu'elle ne le sublime – le personnage étant pourtant doté de bien plus de subtilité que ne le donne à penser la représentation d'un abuseur en position de pouvoir. Le Figaro de Julien Véronése est dans cette mise en scène plus avantagé, même si le baryton-basse ne semble pas toujours à son aise, arguant d'un jeu appliqué et volontaire, parfois maladroit, pénalisé par un un chant qui manque de nuances et de profondeur, avec quelques difficultés dans les aigus et une projection limitée (« Se vuol ballare Signor Contino »).


Le panache d'Eleonore Pancrazi s'inscrit sans complaisance dans l'approche de . La vision de son Chérubin se rapproche facilement d'un petit ange amusant, volubile à chacune de ses apparitions. Malgré tout, sa voix juvénile amuse sans toucher au cœur. Ce sera le même constat pour (Marcellina) et (Bartolo) qui s'inscrivent dans un jeu théâtral appuyé qui amuse sans aller au-delà.

Dans la fosse, c'est le continuo nuancé et loquace de Robert Gonnella qui marque les esprits plus que la bonne tenue de l'Orchestre national du Capitole sous la direction d', qui choisit plus une lecture immédiate que nuancée. A l'image de ce qui se déroule sur le plateau.

Crédits photographiques : © Mirco Magliocca

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Toulouse. Théâtre du Capitole. 22-I-2023. Wolfgang Amadeus Mozart (1756-1791) : Les Noces de Figaro, opera buffa en quatre actes sur un livret de Lorenzo da Ponte. Mise en scène et scénographie : Marco Arturo Marelli. Costumes : Dagmar Niefind. Lumières : Friedrich Eggert. Avec : Michael Nagy, Le comte Almaviva ; Karine Deshayes, La comtesse Almaviva ; Julien Véronèse, Figaro ; Anaïs Constans, Susanna ; Eléonore Pancrazi, Cherubino ; Ingrid Perruche, Marcellina ; Frédéric Caton, Bartolo ; Emiliano Gonzalez Toro, Don Basilio ; Caroline Jestaedt, Barbarina ; Matteo Peirone, Antonio ; Pierre-Emmanuel Roubet, Don Curzio ; Zena Baker, Une dame ; Youngshin Kim, Une dame. Chœur de l’Opéra national du Capitole (chef de chœur : Gabriel Bourgoin). Robert Gonnella, continuo. Orchestre national du Capitole, direction : Hervé Niquet

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