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Paris. Maison de la Radio et de la Musique, Auditorium. 08 & 12-II-2023.
8-II : Unsuk Chin (1961*) : Six Études, pour piano. York Höller (1944*) : Sonate pour piano n°4. Gérard Grisey (1946-1998) : Vortex Temporum I, II, III. Bertrand Chamayou, Solistes de l’ensemble Next, direction : Léo Margue.
12-II : Unsuk Chin (1961*) : Le Silence des Sirènes, nouvelle version. Faustine Monès, soprano. Puzzles and Games from Alice in Wonderland, textes de David Henry Hwang et Unsuk Chin d’après Lewis Carrol ; CF. Alexandra Oomens, soprano. Francesco Filidei (1973*) : I Giardini di Vilnius, concerto pour violoncelle ; CM. Sonia Wieder-Atherton, violoncelle. Orchestre Philharmonique de Radio France, direction musicale : Antony Hermus

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Consacré à la compositrice , Présences 2023 permettait d'entendre un récital de , avant de clôturer par un concert en demi-teintes.


Pour cette 33ème édition du , était à l'honneur de la Maison de la Radio, avec au total dix concerts donnés du mardi au dimanche et une étape à la Philharmonie le vendredi. Intitulé « Le Bel Aujourd'hui », le récital de le mercredi soir débute par Six Études pour piano de la compositrice sud-coréenne, seule partie achevée d'un cycle censé finir à douze, dont l'écriture semble cependant avoir été mise de côté depuis 2003. En relation avec l'école spectrale, l'Étude n°1 se place très à l'aigu du clavier, tandis que la n°2 dévie largement sur la partie grave, favorisée par le geste bien cadencé du pianiste. D'une vingtaine de minutes, le cycle voit une modification de son ordre, avec un résultat musical plus probant grâce à l'inversion de la n°6 et de la n°5, d'une dynamique parfaite à une position conclusive.

D'un autre compositeur également présent à l'Auditorium de Radio France, la Sonate pour piano n°4 de York Höller est donnée le même soir en création mondiale. Dans un style plus proche de celui de l'école de Darmstadt, l'œuvre évolue sur la base d'un motif, entre phases de répétitions planantes et autres moments plus flamboyants, pour se développer pendant une dizaine de minutes jusqu'à s'achever sous les doigts du pianiste dans une multitude de trilles à l'aigu. En dernière partie, Chamayou revient cette fois entouré de cinq solistes de l' dirigés par , pour reprendre une œuvre du génie , régulièrement interprétée. Ample, Vortex Temporum trouve un bel appui dans le clavier pour se déployer ensuite à l'ensemble sans tout à fait convaincre, sans doute à cause d'une direction trop souple et de musiciens encore trop peu matures pour décupler toute la puissance de cette partition. Sans démériter, le premier violon de Reika Sato reste toujours quelque peu en retrait par rapport à l'alto parfois imprécis de Sengyun Kim, auquel on préfère le violoncelle de Yi Zhou. De l'autre côté, Andrea Vecchiato et Takahiro Katayama alternent respectivement entre quatre flûtes (du piccolo à la flûte basse) et trois clarinettes (jusqu'à la clarinette basse), pour développer les longs tourbillons des trois Vortex jusqu'aux sonorités venteuses d'une cadence et une coda par ailleurs bien maîtrisées dans leurs difficultés grâce au doigté habitué de .

Le dernier jour, en plus de deux concerts d'après-midi, et surtout le lendemain de la grève contre la réforme des retraites qui a mis à mal le concert de l'Orchestre National de France et la seule création mondiale d' pendant le Festival, le concert de clôture reprend deux œuvres de la compositrice, la première donnée dans une nouvelle version inédite. Créée par Barbara Hannigan et Simon Rattle lors d'une superbe soirée en 2014 à Lucerne (juste avant une exceptionnelle interprétation de Coro de Berio), Le Silence des Sirènes voit aujourd'hui apparaître la belle Faustine de Monès, d'abord cachée en fond de parterre pour débuter a capella son texte d'après L'Odyssée d'Homère et Ulysse de Joyce. Une fois arrivée jusqu'à la scène, alors peut s'enclencher le Philharmonique de Radio France dirigé par le chef néerlandais . Par un voyage inspirant dont elle semble surtout avoir modifié la fin, Unsuk Chin emmène un leitmotiv dans une orchestration complexe, toujours associée à la voix traitée dans toutes ses possibilités superbement gérées par la soprano française.

En dernière partie, une autre soprano, dont la couleur du timbre convient particulièrement à la partie médium du début de l'œuvre, tient le rôle d'Alice pour la suite tirée de l'opéra de 2007 Alice in Wonderland, évidemment d'après Lewis Carroll. Nommée Puzzles and Games from Alice in Wonderland, ce panel d'extraits aux sonorités plus mélodiques et bien plus anglo-saxonnes (on pense souvent à des folk songs) que la majorité des œuvres de Chin mêle sans trop d'inventivité plusieurs passages du conte, dont la chanson pour enfants « Twinkle, twinkle little star ». En plus d'un développement bien géré à l'orchestre, cette œuvre met surtout en avant la voix pleine d'.

Auparavant, la création pour orgue seul d'Hoquetus Animalis du jeune Théo Mérigeau a malheureusement dû être annulée à cause d'un problème technique pour relier le pédalier, tandis que celle de Franceco Filidei, I Giardini di Vilnius, déçoit à la mesure de ce qu'elle était attendue. Véritable concerto pour orchestre, la partition débute par un beau solo de l'instrument soliste géré avec brio par , d'abord surtout contrainte à des modulations sur une seule note. Des souffles sans notes aux bois et petites apparitions de la harpe s'insèrent au fur et à mesure dans le matériau, jusqu'à sa large amplification. Malheureusement, l'ouvrage annoncé pour une quinzaine de minutes aurait dû s'arrêter là, tant les cinq dernières effacent l'attrait initial et les subtiles citations des cuivres, par des effets hyper-académiques de ruptures de rythmes et de contrastes. De plus les percussionnistes sont toujours trop peu intégrés à la masse par leurs interventions de plaques tordus, sifflets, ou autres gadgets trop entendus cette dernière décennie. Dommage quand on sait de quoi est capable le compositeur, dont on reprend justement très prochainement le fantastique opéra L'Inondation à l'Opéra Comique. Malgré la bonne préparation du Philharmonique de Radio France sous les mains d' et la joie visible d'Unsuk Chin sur scène aux saluts, cette édition s'achève par une dernière soirée en demi-teinte.

Crédits Photographiques : © ResMusica

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12-II : Unsuk Chin (1961*) : Le Silence des Sirènes, nouvelle version. Faustine Monès, soprano. Puzzles and Games from Alice in Wonderland, textes de David Henry Hwang et Unsuk Chin d’après Lewis Carrol ; CF. Alexandra Oomens, soprano. Francesco Filidei (1973*) : I Giardini di Vilnius, concerto pour violoncelle ; CM. Sonia Wieder-Atherton, violoncelle. Orchestre Philharmonique de Radio France, direction musicale : Antony Hermus

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