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Te Deum et n° 8 de Bruckner par Bernard Haitink et l’Orchestre de la Radio bavaroise

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Anton Bruckner (1824-1896) : Te Deum en ut majeur pour solistes, chœur et orchestre ; Symphonie n° 8 en ut mineur (édition Hass 1939). Krassimira Stoyanova, soprano ; Yvonne Naef, mezzo-soprano ; Christoph Strehl, ténor ; Günther Groissböck, baryton ; Chœur et Orchestre de la Radio bavaroise, direction : Bernard Haitink. 2 CDs BR Klassik. Enregistrés du 10 au 12 novembre 2010 à la Philharmonie im Gasteig de Munich (Te Deum) et à l’Herkulesaal (Munich) du 15 au 17 décembre 1993 (Symphonie n° 8). Notice de présentation en anglais et en allemand. Durée totale : 111:36

 
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Issue des archives de la Radio bavaroise, cette nouvelle parution BR Klassik de la Symphonie n° 8 et du Te Deum d' s'impose par sa puissance et sa ferveur irradiante.

Cette nouvelle édition fait suite aux précédentes parutions des Symphonies n° 4, 5 et 6 (Clef ResMusica), et 9 déjà parues sous le label BR Klassik, confirmant s'il en était encore besoin les profondes affinités qui existaient entre le chef batave et le compositeur autrichien : un compagnonnage ancien et durable où l'on ne compte plus les nombreuses versions référentes des symphonies : Sixième et Huitième avec la Staatskapelle de Dresde ; Quatrième à la tête du LSO ; Cinquième précitée avec la Radio bavaroise pour n'en citer que quelques-unes, sans oublier une Intégrale de référence avec le Concertgebouw d'Amsterdam parue chez Philips… Cette nouvelle mouture n'échappe pas à la règle, impressionnante par la puissance architecturale qui se dégage de la symphonie, autant que par la ferveur rayonnante émanant du Te Deum.

Cet enregistrement de 1993 du Te Deum avec la Radio bavaroise est la troisième version donnée par après ses lectures avec Amsterdam (1966) et Vienne (1988) pour le label Philips. Gravissant toutes les étapes depuis l'immanence terrestre jusqu'à la transcendance céleste, le Te Deum se décline en cinq étapes. Comme les précédentes, cette interprétation impressionne d'emblée par la puissance et la verticalité qui se dégage de l'imposant chœur à l'unisson dans la première section (Te Deum), enrichi par un quatuor de solistes où l'on regrettera quelque peu le vibrato mal contrôlé de . Plus implorante la deuxième section (Te ergo quaesumus) met en avant le solo du ténor dont le vibrato, a contrario, renforce le caractère expressif de la supplique pleine de dévotion, soutenue par un beau (quoique discret) solo de violon. Véhémente dans sa demande d'éternité, la troisième section (Aeterna fac) s'anime d'une fureur apocalyptique chantée par le chœur et scandée par d'ardentes timbales avant que la quatrième section (Salvum fac populum tuum) ne retrouve un chœur, un orchestre (violon) et des solistes (le ténor et la basse ) plus apaisés et sereins, confiants et rassérénés, dans leur aspiration à la rédemption. La cinquième section (In te Domine speravi), conclusive, affirme une dernière fois sa ferveur dans une péroraison grandiose recrutant l'ensemble des forces orchestrales et vocales, achevant en majesté une magnifique interprétation pénalisée toutefois par un certain défaut d'équilibre entre les voix et un orchestre un rien sous estimé.

Comme le Te Deum, la Symphonie n° 8 est une œuvre monumentale, véritable cathédrale sonore dédiée à Dieu. Le chef néerlandais en a enregistré plusieurs versions comme autant de références marquant son parcours avec les différentes prestigieuses phalanges qu'il a dirigées, parmi lesquelles on citera Amsterdam (1969), Vienne (1995) ou encore Dresde en 2002. Cette dernière parution de 1993 avec la Radio bavaroise étonne, non pas par son interprétation superlative ni par l'excellence reconnue et confirmée ici de l'orchestre bavarois (cuivres), mais plutôt par la lenteur de son tempo qui, sans atteindre aux langueurs célibichachiennes, n'en obère pas moins la nécessaire verticalité d'un discours alliant force et lumière, grandeur et méditation, se construisant patiemment pas à pas, avec une attention particulière aux détails d'une orchestration pléthorique.

Imprégné d'un intense sentiment d'attente et de mystère, riche en nuances dynamiques, l'Allegro initial précède un Scherzo porté par une progression inexorable scandée par les vents et les timbales encadrant un Trio aux allures sylvestres pleines de mystère (cor et harpe). L'Adagio solennel, douloureux et émouvant dans son dépouillement (harpe), sublime et tendu par sa lenteur habitée (cors, legato des cordes) devance quant à lui un Finale monumental qui trouvera son climax dans une coda qui verra, au terme du voyage, s'ouvrir les portes du Ciel, achevant triomphalement ce magnifique témoignage orchestral de la Radio bavaroise supportant une interprétation un rien statique.

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Anton Bruckner (1824-1896) : Te Deum en ut majeur pour solistes, chœur et orchestre ; Symphonie n° 8 en ut mineur (édition Hass 1939). Krassimira Stoyanova, soprano ; Yvonne Naef, mezzo-soprano ; Christoph Strehl, ténor ; Günther Groissböck, baryton ; Chœur et Orchestre de la Radio bavaroise, direction : Bernard Haitink. 2 CDs BR Klassik. Enregistrés du 10 au 12 novembre 2010 à la Philharmonie im Gasteig de Munich (Te Deum) et à l’Herkulesaal (Munich) du 15 au 17 décembre 1993 (Symphonie n° 8). Notice de présentation en anglais et en allemand. Durée totale : 111:36

 
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