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Avec Planet [wanderer] de Damien Jalet à Genève, on a marché sur la Lune

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Genève. Grand Théâtre. 8-III-2024. Damien Jalet / Kohei Nawa : Planet [wanderer]. Chorégraphie : Damien Jalet, assisté de Alexandra Hoàng Gilbert. Scénographie : Kohei Nawa. Lumières : Yukiko Yoshimoto. Costumes : Sruli Recht. Musique : Tim Hecker. Lumières : Yukiko Yoshimoto. Collaborateur à la création sonore : Xavier Jacquot. Regard extérieur : Catalina Navarrete Hernández. Avec Shawn Ahern, Karima El Amani, Aimilios Arapoglou, Francesco Ferrari, Vinson Fraley, Thi Mai Nguyen, Astrid Sweeney, Ema Yuasa.

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Invitée par le Grand Théâtre de Genève, la production du Théâtre national de la danse de Chaillot de Planet [wanderer] du chorégraphe poursuit sa tournée sur les scènes européennes, trois ans après sa création.

Quand, sur une sourde explosion, s'ouvre le rideau, on peine à distinguer sur une scène plongée dans le noir, un halo brillant tel le cosmos un soir d'été. Lentement, il s'élargit au gré des paillettes qui descendent des cintres. On scrute les lieux, on ajuste les lunettes, on braque les jumelles de théâtre. Rien. Rien, sauf ces lancinantes et profondes explosions. Bientôt, le blafard succède à l'ombre. On distingue alors quelques mouvements qu'on attribue plus à des terrains mouvants qu'à des êtres vivants. Pourtant, ici lentement, un bras décrit une volute. Là une jambe, lascivement, inscrit une courbe. L'apesanteur habite l'espace. Quand enfin quelques timides éclairages rasants illuminent la scène, on découvre un grand plateau rectangulaire couvert de fines scories noires parmi lesquelles des personnages rampent. Ils semblent se lever mais retombent pour se lover plus loin. Bientôt debout, ils déambulent maladroitement et avec lenteur. Puis, ils s'enfoncent jusqu'à mi-mollets dans le sol meuble. Gesticulant lentement de leurs bras, leurs corps ployant et tournoyant autour de leur jambes entravées, ils entament un ballet incessant tels des arbres mous poussés par les vents. En avant, de côté, en arrière, se redressant, se courbant, ce bal des corps s'accompagne d'un sifflement comme d'un vent puissant. Ces balancements de personnages se prolongent. Bien au-delà de la patience du spectateur. Puis, toujours aussi lentement, les personnages se libèrent de leur «cages à mollets» et, marchent en rond, se croisant par instant au rythme d'un bip. Êtres étranges, étrangers à chacun. Un certain ennui né de la répétition fait dévier l'attention du spectateur. Des rapprochements hasardeux viennent à l'esprit : ne serait-on pas avec Hergé et son album «On a marché sur la Lune» ? Chassées les caricatures, on revient à la scène. Quand les personnages finissent de s'entrecroiser au bord de l'exaspération publique, ils retournent à leurs «trappes à pieds» où ils reçoivent, pleurant des cintres une pluie pâteuse recouvrant peu à peu leurs corps de ce que poétiquement on pourrait assimiler à de l'albâtre, figeant ainsi les personnages en statues, sous la musique assourdissante d'un aspirateur géant. Peu à peu l'ombre reprend sa règne jusqu'au noir complet et à l'extinction de la musique. Fin !


Dans le programme de la soirée, le chorégraphe interrogé par Antoine Neufmars décrit ce qui l'a conduit à cette chorégraphie. Sa rencontre avec le plasticien l'a emmené vers une approche de la danse et de sa signification qui apparait à mille lieues de la rationalité cartésienne occidentale. Ainsi, le spectacle reste pour nous bien hermétique avec ses ambiances étranges et hypnotiques, à l'inverse du ressenti de notre consœur à la création en 2021, qui y voyait « des images spectaculaires et d'une grande beauté« . On aurait aimé que la danse soit plus présente et que les tableaux soient moins tirés en longueur. Cette pièce aurait été certainement plus enthousiasmante si elle avait été sensiblement raccourcie. Finalement, on reste impressionné par la souplesse et la force musculaire déployée par les artistes de ces scènes. De véritables athlètes. On retrouve ici les exigences de pour ses interprètes, les mêmes besoins dont il avait fait la démonstration lors de son ballet Skid au Grand Théâtre de Genève en octobre 2022 ou à Chaillot en février 2019.

Crédit photographique : © Rahi Revzani

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Genève. Grand Théâtre. 8-III-2024. Damien Jalet / Kohei Nawa : Planet [wanderer]. Chorégraphie : Damien Jalet, assisté de Alexandra Hoàng Gilbert. Scénographie : Kohei Nawa. Lumières : Yukiko Yoshimoto. Costumes : Sruli Recht. Musique : Tim Hecker. Lumières : Yukiko Yoshimoto. Collaborateur à la création sonore : Xavier Jacquot. Regard extérieur : Catalina Navarrete Hernández. Avec Shawn Ahern, Karima El Amani, Aimilios Arapoglou, Francesco Ferrari, Vinson Fraley, Thi Mai Nguyen, Astrid Sweeney, Ema Yuasa.

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