De Montpellier d'où il prit son envol et où il s'acheva, Le Voyage dans la Lune imaginé par Olivier Fredj a aluni dans seize villes différentes où, trois années durant, il a fait le bonheur de spectateurs de tous âges. Un souvenir que réactive la parution, chez Actes Sud BD Jeunesse, d'un drôle de roman-photo.

Genre quasiment disparu aujourd'hui, le roman-photo convient particulièrement bien à l'opéra-féerie de Jacques Offenbach, surtout dans la folie scénographique à laquelle s'étaient adonnés Olivier Fredj et son complice Jean Lecointre, directeur artistique graphique du spectacle. Même mis à distance ou carrément absents de certaines planches se contentant de faire évoluer les personnages sur un fond noir, les décors conçus par ce dernier conservent leur imaginative profusion, tandis que l'on peut détailler tout à loisir l'hilarant pouvoir des costumes dont il était également l'auteur.

L'intrigue, qui délaisse le traditionnel système de cases du roman-photo, est substantiellement condensée, ce qui donne un ouvrage que l'on peut mettre aussi entre les mains de ceux qui, même sans avoir vu le spectacle, seront désireux d'embarquer avec ou sans leur progéniture dans le merveilleux scénario d'Offenbach, et de consentir, entre Georges Méliès et Jules Verne, à quelques réflexions bien opportunes quant à la place des femmes dans une société où l'Amour n'a pas franchi les années-lumières qui le séparent de la Terre.

Les héros du roman-photo (expulsés en canon vers la Lune !) sont les interprètes de la version rouennaise (Sheva Tehoval, Jennifer Michel, Aurélia Legay, Héloïse Mas, Kaëlig Boché, Éric Vignau, Thibaut Desplantes, Christophe Poncet de Solages, Matthieu Lécroart) d'une production qui aura aussi servi de tremplin, lors de ses différentes escales, à d'autres jeunes chanteurs français (Marie Perbost, Ludivine Gombert, Marie Lenormand, Pierre Derhet, Raphaël Brémart…).

La lecture est proposée avec la bande-son (QR code en début d'ouvrage) de substantiels extraits (28 au total) de l'enregistrement Bru Zane paru parallèlement à la tournée.

L'ouvrage, qui n'engendre pas la mélancolie, vient enfin rappeler à point nommé qu'il n'est pas besoin de canon pour gagner le firmament lyrique : une production réussie suffit.