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Nagano de Beethoven à Unsuk Chin à l’Opéra de Bavière

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Munich. Nationaltheater. 6-XI-2023. Anton Webern (1883-1945) : Im Sommerwind (Dans le vent d’été), idylle pour grand orchestre ; Unsuk Chin (née en 1961) : Operascope pour orchestre ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n° 6 op. 68 Pastorale. Bayerisches Staatsorchester, direction : Kent Nagano

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L'ancien directeur musical de la maison propose un programme bien construit où Webern emporte l'adhésion plus que la Pastorale.

Le 31 juillet 2013, mettait un terme à sept ans de mandat, avec un formidable Parsifal ; il n'est pas resté loin de Munich depuis cette date, à l'Opéra comme auprès des orchestres de la ville. Ce concert symphonique renoue avec un des grands événements de son mandat, la création en 2007 d'Alice in Wonderland d', compositrice qu'il n'a de cesse de défendre, en assurant la création d'une pièce écrite pour ce concert. Operascope ne dure que huit minutes, certainement moins que ce qui était attendu vu la courte durée du concert (à peine une heure de musique) : la pièce qui joue avec les stéréotypes de l'opéra est bien à sa place dans ce cadre, elle est bien écrite, intelligente et plaisante ; plutôt qu'à l'inventivité formelle unique de son maître Ligeti, on pense ici au divertissant Con Brio de Jörg Widmann.

Nagano fait partie des rares chefs du grand répertoire à s'être intéressé aux instruments anciens, en collaborant avec Concerto Köln pour Mozart et même pour Wagner. On est donc un peu surpris de le voir choisir pour la Pastorale de Beethoven qui clôt le concert un effectif aussi massif. Cela faisait, étrangement, plus de trente ans que l'œuvre n'avait pas été au programme des concerts de l'orchestre, mais on garde surtout en mémoire le concert du 7 novembre 1983 où Carlos Kleiber, pour la seule et unique fois de sa carrière, l'a dirigée dans ce même Nationaltheater – un disque Orfeo, à la qualité sonore précaire, garde la trace de ce séisme musical insensé. Le résultat est ici beaucoup plus prosaïque, et peu personnel : heureusement, Nagano ne joue pas ici la masse, mais s'il ne tombe pas dans l'emphase romantique des chefs d'autrefois, il ne tire pas profit des allègements obtenus par ceux qui ont entrepris de relire ce Beethoven à la lueur des pratiques de son temps. Il en résulte un entre-deux pas très confortable, qui ne manque souvent pas d'allant, mais tombe parfois dans la mollesse et ne laisse pas toujours respirer la musique – le pastoral solo de hautbois du troisième mouvement en a les ailes coupées.

Le plus intéressant de ce concert est alors la première œuvre, qui crée avec la Pastorale une unité thématique autour d'une vision sensuelle de la nature, mais que Nagano restitue cette fois dans toute sa force : Im Sommerwind de Webern, œuvre de jeunesse certes, très différente des chefs-d'œuvre singuliers de la suite de sa carrière, mais déjà fascinante. Et l'approche de Nagano est tout aussi enthousiasmante, parce qu'elle montre un Webern déjà passionné par le travail du son, et pas seulement son juvénile enthousiasme pour les stéréotypes fin de siècle tels que le poème qu'il illustre les véhicule. Le début est très lent, très tenu ; la sensualité est présente, mais elle est sous-jacente, comme si le moi lyrique qui se fond dans l'air estival était tétanisé par la profusion des sensations plutôt que de s'y abandonner.

Crédits photographiques : © Wilfried Hösl

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Munich. Nationaltheater. 6-XI-2023. Anton Webern (1883-1945) : Im Sommerwind (Dans le vent d’été), idylle pour grand orchestre ; Unsuk Chin (née en 1961) : Operascope pour orchestre ; Ludwig van Beethoven (1770-1827) : Symphonie n° 6 op. 68 Pastorale. Bayerisches Staatsorchester, direction : Kent Nagano

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