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L’OSR : une histoire insoupçonnée ou le roman d’un orchestre

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André Piguet. L’OSR : Une histoire insoupçonnée. Éditions Slatkine. Broché. 252 pages. 29€. Octobre 2022

 
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Entre enthousiasme et dure réalité, ce livre retrace dans le détail plus de cent ans d'histoire de la musique dans la Cité de Calvin principalement à travers l'image de l', vivant témoignage de l'histoire des hommes traversant la grande Histoire avec chevillée au corps : la musique, culture universelle.

En 2018, l' fêtait son centième anniversaire. La « Vieille Dame » comme on l'appelait communément à Genève se voyait entourée de fleurs et de guirlandes pour cette célébration. Mais au fond du fond, qui connaissait encore les rides qui durant des années de galère, de batailles, lui avaient marqué le visage et courbé l'échine ? Peu de gens en réalité. Cet ouvrage vient à propos car, en dépit de toutes ces vicissitudes, l' se tient encore fièrement debout. Cent ans de directeurs, de chefs d'orchestre et de musiciens, de non-musiciens, d'amateurs au sens noble du terme ont tenu à ce que cette œuvre initiée par la volonté farouche de quelques-uns reste à jamais présente.

André Piguet, l'auteur, se définit lui-même comme un mélomane. Il dit n'être ni musicien, ni jouer d'aucun instrument, mais qu'il a fait de la musique sa patrie. Et probablement de l'Orchestre de la Suisse Romande son porte-parole. Sa passion pour cette phalange orchestrale l'a porté vers quelques implications dans son organisation. D'abord parmi l'Association des Amis de l'OSR, puis plus tard dans le sein même de l'orchestre. Les années et les gens passant, l'histoire de l'orchestre tend à s'effacer au détour de documents délaissés, d'archives mal classées. En passionné, André Piguet a fouillé les armoires, retrouvé les coupures de presse, les notes des uns et des autres, rassemblé ces informations éparpillées pour aujourd'hui les offrir dans cet ouvrage qui retrace avec minutie l'histoire de cet orchestre, enfant né de la passion de son fondateur et chef titulaire pendant cinquante ans, .

Au détour de ces pages, on assiste à l'aventure de la naissance d'un orchestre dont les premiers balbutiements voient un , partir à Paris, à Vienne, à Milan durant la Première Guerre mondiale, à la recherche de musiciens pour constituer son ensemble. Quand enfin, le concert inaugural peut avoir lieu, la grippe espagnole qui sévit dans les rangs des musiciens, comme dans le public, en empêche la tenue à la date prévue. C'est donc avec trois semaines de retard que le premier concert genevois de l'OSR pourra avoir lieu. Trois jours plus tard, la répétition de ce même concert doit être présenté à Lausanne. Mais, la locomotive du train transportant l'orchestre tombe en panne faute de combustible. Les Lausannois devront subir le retard d'une bonne trentaine de minutes pour le début de leur concert.

D'anecdotes en anecdotes, de compte-rendu en compte-rendu, d'aventures en aventures, de déceptions en joies immenses, André Piguet relate l'histoire de l'OSR à travers ces deux cents cinquante pages en passant en revue les heurs et malheurs de cette longue histoire. On y lit les réticences d'un public n'approuvant pas les choix musicaux jugés avant-gardistes d', fervent amateur de musique de son temps, ami de Stravinsky et grand admirateur de Belà Bartok, de Ravel, de Debussy et d'Honegger. On y découvre les bisbilles entre l'orchestre et la Radio Suisse Romande qui rechigne à l'idée de la contrainte de transmettre les concerts d'un orchestre dont elle ne déciderait pas des programmes. On rencontre le poids de la critique avec la figure d' qui mettra peu de temps avant de tremper sa plume dans l'acide pour fustiger les choix musicaux comme la qualité des interprétations qui ne semblaient que très rarement trouver grâce à ses oreilles ; étonnante figure tutélaire de la musique en Suisse romande, qui crainte de tous, reste néanmoins citée dans nombre d'ouvrages dédiés à la musique classique en Romandie. Au passage, André Piguet retrace le portrait des différents chefs qui se sont succédés aux commandes de l'orchestre depuis la disparition d'Ernest Ansermet. On y relève son admiration appuyée pour , et pour celle du chef actuel .

Plus qu'une histoire insoupçonnée comme titre cet ouvrage, c'est le roman d'un orchestre qu'on vit à travers ces pages. André Piguet fait le constat parfois amer qu'en dépit des gens d'extrême valeur qui ont présidé aux destinées de cet orchestre, Genève, ville siège des institutions internationales majeures de la santé, du travail, du commerce, de la météorologie et de l'ONU n'a jamais possédé les moyens de ses ambitions. En 1928 déjà, Ernest Ansermet en faisait le cruel constat.

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