Décès d’Alfred Brendel

Le grand pianiste autrichien Alfred Brendel est décédé aujourd'hui à Londres. Il était âgé de 94 ans.

Né en 1931 à Wiesenberg, Moravie (actuellement Loučná nad Desnou, en République tchèque), Alfred Brendel fut autodidacte en musique. Il se présente à la première édition du Concours international de piano Ferruccio-Busoni en 1949 et remporte le 4e prix, enregistre ses premiers disques pour le label américain SPA Records dans un répertoire peu fréquenté : Weihnachtsbaum de Liszt, Fantasia contrappuntistica de Busoni, la Sonate pour piano op. 5 et les Cinq pièces pour piano op. 3 de Richard Strauss. C'est dans ces années d'après-guerre qu'il suit des cours auprès d'Edwin Fischer à Lucerne, puis d'Eduard Steuermann et de Paul Baumgartner. Installé à Vienne, Brendel se produit certes sur scène, mais se fait connaître avant tout par ses nombreux enregistrements effectués pour les labels indépendants américains Vox/Turnabout puis Vanguard. Sa carrière connait un tournant décisif à partir du début des années 1970. Désormais installé à Londres, il signe un contrat d'exclusivité avec Philips et se produit progressivement sur les grands circuits internationaux en récital (Premier concert parisien en 1972, invité par André Furno dans le cadre de Piano 4 étoiles, Premier concert à Carnegie Hall en 1973…), mais aussi en concerto, parfois en musique de chambre et accompagnant des chanteurs comme Dietrich Fischer-Dieskau ou plus tard Matthias Goerne. Brendel se lance en particulier dans des cycles consacrés à son répertoire de prédilection qu'il remet sans cesse sur le métier, au concert comme au disque : les sonates, les variations et les concertos de Beethoven et de Mozart, les œuvres pour piano de Schubert (période 1822-1828), de Haydn et de Liszt. Il se fait aussi le champion du Concerto pour piano et orchestre d'Arnold Schoenberg, une œuvre qu'il enregistra en studio à trois reprises : avec Michael Gielen (Vox, 1957), avec Rafael Kubelík (Deutsche Grammophon, 1971), et à nouveau avec Michael Gielen (Philips, 1993).

Alfred Brendel a également donné des master classes, et parmi ses élèves, figurent les pianistes Imogen Cooper, Till Fellner, Paul Lewis et Kit Armstrong. Brendel fit ses adieux à la scène en 2008, tournant dans plusieurs pays avant de revenir à Vienne (double CD Decca Classic, Clef du mois ResMusica).

Pour ses 85 ans en 2016, Decca a sorti en un coffret de 114 disques tous ses enregistrements réalisés pour Philips dans les années 1970 à 2008. Les enregistrements antérieurs chez Vox et Vanguard ont également été réédités en CD à plusieurs reprises, et sont même reparus chez Brilliant Classics. Il existe par ailleurs de nombreux témoignages filmés de l'art du pianiste et qui sont sortis en DVD.

Doté de beaucoup d'esprit, homme cultivé, peintre dans sa jeunesse, poète, bon connaisseur des arts en général, Alfred Brendel a publié divers écrits qui existent pour certains en traduction française chez Christian Bourgois et Buchet/Chastel. (JBdLT)

Photo : © Decca Classics

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